Après le capitaine Haddock en 2020-2021, c’est au tour de Tryphon Tournesol de fêter ses 80 ans cette année ! C’est en effet dans le quotidien Le Soir du 5 mars 1943 que le savant a fait sa première apparition. Comme les autres personnages principaux de la série, Tournesol a dû surmonter une épreuve avant de se faire enfin accepter dans la « famille ». Tintin et Haddock avaient refusé sa proposition de mettre son sous-marin requin à leur disposition. L’inventeur s’imposa par la ruse. Même si le trésor de Rackham le Rouge ne se trouvait pas au fond des mers, le submersible fut finalement bien utile aux protagonistes pour repérer l’épave de La Licorne.

Je n’apprendrai rien aux lecteurs de Tintin en écrivant qu’Hergé s’est inspiré du physicien suisse Auguste Piccard pour imaginer son bonhomme au manteau vert. Que le prénom du professeur est emprunté à Tryphon Bekaert, un menuisier bruxellois dont le dessinateur avait remarqué l’atelier. Peut-être les tintinophiles sont-ils moins nombreux à savoir d’où provient la surdité de Tournesol : Hergé s’était souvenu d’un collègue du quotidien Le Vingtième Siècle, Paul Eydt, atteint de cette infirmité.

Si Haddock est le plus populaire des personnages des Aventures de Tintin, son ami n’est pas oublié. En Belgique, le professeur a donné son nom à la Faculté Tryphon Tournesol de tintinologie. Cette société secrète, créée en 1991 par le journaliste de la RTBF Paul Danblon, rassemble des membres de diverses loges maçonniques.

Depuis le festival La Quinzaine de la BD de 2006, à Bruxelles, la rue Charles Buls, près de la Grand-Place, a pour appellation secondaire « rue Tryphon Tournesol ». La France n’est pas en reste : à Bordeaux, à l’initiative de l’association Les Pélicans noirs, une esplanade du Professeur Tournesol a été inaugurée en octobre 2010. En présence de Son Altesse Sérénissime Muskar XII, roi de Syldavie, excusez du peu !

Un dictionnaire pour son anniversaire

Ce cher Tryphon a aussi inspiré les écrivains. L’humoriste Albert Algoud a publié en 1994 Le Tournesol illustré (Casterman), dans lequel il passe en revue aussi bien le passé du savant que sa psychologie ou ses inventions. Cet ouvrage délicieusement illustré a déjà été traduit en plusieurs langues. Une édition anglaise vient s’ajouter cette année, à l’occasion de l’anniversaire du sympathique octogénaire.

Le tintinologue Jacques Hiron est l’auteur d’une biographie, Tournesol cet inconnu, que les éditions Mosquito s’apprêtaient à publier en 2010. Mais les ayants droit ne l’entendaient pas de cette oreille, et la sortie du livre fut annulée.

Dans un souci d’exhaustivité, rappelons aussi l’existence de ces deux titres : Tryphon Tournesol et Isidore Isou d’Emmanuel Rabu (Seuil, 2007), et Sidonie Tournesol d’Alexis Legayet (L’Harmattan, 2014).

Pour marquer les quatre fois vingt ans de Tournesol, voici qu’un petit dictionnaire paraît ce 21 juin aux éditions 1000 Sabords. Le solstice d’été pour Tournesol, la Fête de la musique pour ce poète dur d’oreille ! Concocté par Pierre Bénard, Tryphon de A à Z est assez complémentaire à l’ouvrage pionnier d’Algoud, auquel il rend d’ailleurs hommage.

De A comme « amnésie » à Z comme « zouave », en passant par le comte de Champignac (dans Spirou), le clown Georges Loriot (qui a joué Tournesol au cinéma) ou le terrifiant Rascar Capac, Bénard explore toutes les facettes du savant génial et de son univers.

Un livre léger à lire cet été, à l’hôtel des Sommets ou dans le parc de Moulinsart.